Pouvez-vous nous parler de l'inspiration derrière votre roman "LEADS" ?
L’imaginaire a toujours été inscrit dans mes gènes. Lecteur depuis mon plus jeune âge, j’ai d’abord épanché ma soif de découvertes avec le fantastique, au travers des auteurs comme KING, TOLKIEN ou POE. Ces univers se sont étendus en découvrant des œuvres dystopiques majeures (LE MEILLEUR DES MONDES de HUXLEY, 1984 de ORWELL) et ce goût du détournement m’est resté avec les années.
Quand mon tour d’écrire fut venu, je me suis penché sur les nombreux traits de notre société qui pouvaient mener à l’élaboration d’un monde alternatif, et notre rapport aux réseaux sociaux s’est immédiatement imposé.
Comment avez-vous développé l'univers dystopique de "LEADS" ?
Quand j’étais plus jeune, mes parents avaient une expression taquine pour qualifier mon rapport à mon propre téléphone portable : “il va finir par se le faire greffer dans la main”. J’ai utilisé cette vile (mais justifiée) taquinerie, pour développer l’univers de LEADS : pendant ses cycles à l’Institution, chaque enfant scolarisé est équipé d’un 1Plant. Ce dispositif, greffé dans le poignet, sert d’appareil de communication et envoie ses images et informations directement dans les yeux de son porteur. À la fin des cycles d’Institution, chaque nouveau citoyen est affecté à un rôle en fonction de ses aptitudes, et tentera de se rendre le plus visible possible sur le Réseau pour espérer obtenir une meilleure place dans la société.
Le second point a été l’influence de SHINGEKI NO KYOJIN (L’ATTAQUE DES TITANS de Hajime ISAYAMA) dans mon expérience de lecteur. De nombreuses autres œuvres l’ont fait auparavant, mais je n’avais jamais été autant touché par la force des révélations (que j’appelle en “poupées russes”) pour pousser le lecteur à redécouvrir un récit sous un éclairage nouveau.
Quels sont les principaux thèmes que vous explorez dans ce livre ?
Le premier thème évident est notre rapport aux réseaux sociaux. Aujourd’hui influent jusqu’aux campagnes électorales de la plupart des pays occidentaux, j’en ai fait l’échelle hiérarchique de mon propre univers. En fond se cachent d’autres thématiques qui me tiennent à cœur : place de l’enfant et de l’adolescent dans notre société, écologie, et bien d’autres que je ne peux révéler sans dévoiler de nombreux rebondissements.
Comment les réseaux sociaux ont-ils influencé votre vision de la dystopie dans "LEADS" ?
Je les regardais d’un œil assez lointain, mais je m’y suis paradoxalement plus consacré dans l’élaboration de cette trilogie. Certains personnages tirent leurs traits de caractère ou passifs d’influenceurs connus, d’autres sont une vision fantasmée de ces personnalités… De nombreux easter-eggs et clins d'œil font référence à ce monde, ainsi qu’à ma très chère pop culture.
Pouvez-vous décrire le personnage principal de "LEADS" et ses motivations ?
Au début du processus d’écriture, l’unique personnage principal était GALLY. Lead (influenceuse) parmi les plus reconnus, elle souffre du rapport biaisé que ses concitoyens entretiennent avec sa propre célébrité. Son but principal en début d’histoire est de donner du sens à son existence. Plongée de force dans une succession d’épreuves mortelles, elle va devoir évoluer vers une plus grande ouverture aux autres.
C’était la situation de départ, mais une jeune invitée est venue tout bouleverser et ARADIA a pris une place importante : elle qui n’était qu’une petite Ouvrière, gameuse et grande gueule, se retrouve embarquée dans les mêmes dangers que GALLY, et elle va se retrouver complètement dépassée par sa quête de notoriété. Conçue à la base comme un side-kick sympathique, elle a remporté le cœur de la plupart de mes lecteurs et c’est un réel plaisir de la faire évoluer.
Quel message souhaitez-vous transmettre à travers "LEADS" ?
Le principal questionnement que j’ai voulu soulever reste notre rapport aux réseaux sociaux. De nombreux évènements récents ont prouvé que leur impact dépassait largement le simple divertissement, et il nous faut rester vigilants sur les avertissements, mais aussi “vérités” qu’on nous y impose.
Quelle est la part de réalité et de fiction dans votre roman ?
Très honnêtement, je souhaiterais qu’il n’y ait aucune part de réalité dans ce monde-là
La dystopie s’est toujours voulu être un “cri d’alarme”, mais aucun de leurs auteurs n’espéraient que leur propre monde évoluerait jusque là.
Disons que ma trilogie est basée sur des personnes réelles dans un monde que je souhaite éternellement fictif.
Avez-vous des auteurs ou des œuvres qui vous ont particulièrement influencé ?
Je me dois de citer Aldous HUXLEY ou Suzanne COLLINS en premiers. Mon univers est un mélange entre la société dominatrice de 1984 et des épreuves et dangers de HUNGER GAMES.
Au-delà de ces noms, j’ai été bercé par les univers de SAPKOWSKI (Le Sorceleur), KING, ORWELL (Le meilleur des mondes), KOONTZ (Les yeux foudroyés) ou CLANCY.
Comment voyez-vous l'évolution des réseaux sociaux dans le futur proche ?
Ce sont des outils formidables, mais qui ne doivent pas servir de mauvaises mains. À l’image de l’Intelligence Artificielle, les possibilités de créations, de rencontres et d’échanges qu’offrent les réseaux sociaux sont immenses et malheureusement sous-exploitées. Pour paraphraser le grand Alexandre ASTIER, j’aimerais qu’on y voie plus de gens inspirants, intelligents, qui nous apportent quelque chose. Il en existe actuellement, beaucoup même, mais je trouve que leurs places sont “sous-cotées” quand on les compare à des challenges de danse ou de “lancers de tranches de fromages sur des bébés”.
Pouvez-vous nous parler des défis rencontrés lors de l'écriture de ce livre ?
Le principal défi était de permettre à des néophytes de rentrer dans ce monde futuriste et empli de codes sans lui prendre la main comme un touriste amateur. Dès le premier chapitre, le protagoniste est perdu, plongé dans un environnement qu’il ne comprend pas. Je me suis servi de cet élément pour accompagner le lecteur, lui aussi perdu dans un nouvel univers et de nouvelles règles. Si vous êtes légèrement désorientés sur les trois premiers chapitres, alors cette première mission est accomplie !
Quelle a été votre démarche pour créer des personnages crédibles et attachants ?
Comme je le disais plus haut, mes personnages sont inspirés de personnalités réelles. De nombreux indices permettront de créer des liens vers leurs “sources”, mais cela leur a surtout permis d’exister dans mon esprit et de continuer leurs petites vies au-delà de ces pages. Le troisième et dernier volume de cette trilogie est bien avancé, et je redoute le jour où je devrai leur dire au revoir.
Comment décririez-vous votre style d'écriture ?
Romantisme moderne ? Je dois avouer que j’aime le verbe, j’adore les belles formules, les figures de style travaillées, et j’aime décrire la poésie d’un instant ou d’une vision.
Quels conseils donneriez-vous à de jeunes écrivains souhaitant écrire de la dystopie ?
Le premier conseil que je donnerais serait “LISEZ”. Il ne faut pas se laisser dévorer par le poids d’auteurs aux carrières prolifiques, mais lire permet de nourrir la machine à idées qui sommeille dans votre cortex frontal.
Le second serait “N’ÉCOUTEZ AUCUN CONSEIL”. Vous trouverez des centaines, des milliers d’auteurs qui vous proposeront des millions de formations ou guides pour savoir comment écrire, vendre, communiquer et réaliser le best-seller de demain. Écrivez. Écrivez pour vous. Et si demain, votre récit doit se faire sa place dans une bibliothèque, il le fera. Mais écrivez pour vous avant de vouloir écrire pour plaire aux autres.
Avez-vous des projets pour une suite ou une trilogie autour de "LEADS" ?
Le deuxième volume de LEADS, RUPTURE devrait sortir aux alentours de fin septembre début octobre (Fabien a la couverture si vous êtes curieux !). Le troisième volume est bien avancé et je table sur une sortie pour la fin du second trimestre 2025. Plusieurs annexes, centrées sur des personnages riches, sont dans les tiroirs, mais cela dépendra plus de la demande que de mon agenda.
Comment avez-vous choisi le titre de votre livre et que signifie-t-il pour vous ?
Les LEADS sont des influenceurs, le but ultime des petites gens de mon univers. Néanmoins je trouve ce terme (influenceur) excessivement malveillant et je m’étonne même qu’il soit accepté par le plus grand nombre aujourd’hui.
Je voulais un terme plus générique, tout en conservant cette idée que ces personnes en mènent d’autres dans leurs sillages.
Quelle est votre routine d'écriture quotidienne ?
J’écris principalement le soir. Un fond musical dans les oreilles, et je peux partir pour plusieurs heures d’écriture ou bloquer sur une phrase et décider d’en profiter pour enrichir les documentations de mon univers. Beaucoup de termes ou appellations techniques du roman n’existent pas, mais elles sont toutes basées sur de longues recherches sur des matériaux ou avancées technologiques en cours.
Comment gérez-vous les critiques et les commentaires de vos lecteurs ?
Pour le moment, je n’ai eu que des retours positifs à affronter, donc je le gère plutôt bien ! Humour à part, j’ai soumis cette histoire à ClapAction, la plateforme de la directrice de la Diversité du Cinéma Français Sarah LELOUCH pour l’adaptation d'œuvres au cinéma. Je suis convaincu que ce récit ferait une excellente adaptation cinématographique et c’est sans doute le retour que j’ai eu le plus régulièrement. Je sais qu’un plus large public implique de plus larges critiques, mais j’estime que cela fait partie du processus créatif et je m’y attends sans le craindre pour autant.
Pouvez-vous partager une anecdote intéressante sur le processus de publication de "LEADS" ?
Lorsque la parution du premier tome s’est annoncée, j’ai créé un compte TikTok pour aller à la rencontre de lecteurs et créateurs. Au bout de quelques semaines, un des créateurs m’a fait la surprise de commander le tome 1 sans me le dire et a profité d’un live pour annoncer à une centaine de spectateurs qu’il l’avait non seulement dévoré, mais qu’il avait aussi redonné le goût de la lecture à son père par ce premier roman.
J’avoue aujourd’hui que j’étais heureux de ne pas être visible pendant ce live parce que je suis resté coi d’émotion pendant un temps beaucoup trop long !
Quels sont vos prochains projets littéraires après "LEADS" ?
En dehors des annexes, deux autres histoires attendent aussi leur tour pour éclore. Les projets ne manqueront jamais. Je souhaite aussi intervenir auprès d’étudiants, collégiens ou lycéens pour promouvoir le goût de la lecture et de l’écriture.
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